dimanche 10 mars 2013

Politique Ontarienne

Toronto, 5°C


Depuis un mois, la province de l'Ontario a un nouveau premier ministre ou plutôt une nouvelle premier ministre, première femme à ce poste.

Son nom est Kathleen Wynne et elle a gagné en janvier dernier les élections au sein de son parti, le parti libéral d'Ontario pour succéder au premier ministre démissionnaire. En effet, Dalton James Patrick McGuinty Jr., chef du Parti libéral d'Ontario et premier ministre d'Ontario depuis 2003 a démissionné de son poste le 12 octobre 2012.
Sa démission a surprise la plupart des Ontariens, un an à peine après sa réélection au poste de premier ministre.

Ancienne ministre des transport et de l'éducation ainsi que des affaires autochtones, l'autre particularité de Katleen Wynne, 59 ans, est que c'est la première femme premier ministre du Canada à être officiellement homosexuelle, mère de trois enfants. ( Actuellement, quatre femmes sont à la tête de provinces canadiennes et une à la tête d'un territoire canadien : Pauline Maurois au Québec, Christy Clark en Colombie britannique, Alison Redford en Alberta, Kathy Dunderdale à Terre-Neuve-et-Labrador et Eva Aariak au Nunavut).


Kathleen Wynne donc, a été officiellement assermentée le 11 février dernier. Outre le porte-feuille de premier ministre, elle s'est accordée celui de ministre de l'agriculture.

Après un peu plus d'un mois à la tête de la province la plus peuplée du Canada, il est encore trop tôt pour tirer un bilan de l'action de la nouvelle première ministre mais les différents acteurs politiques ont apprécié le discours d'investiture de Mme Wynne dans lequel elle se disait prête à travailler avec les différents partis politiques de la province. Les enjeux auxquels elle aura à faire face sont multiples : déficit budgétaire de la province le plus élevé du pays s'élevant à 11 millions de dollars canadiens, grogne des enseignants qui ont vu leur salaires gelés pour cause de lutte contre les déficits, préparation de la prochaine élection provinciale pour laquelle les libéraux sont donnés perdants, liens avec les autochtones qui sont plus que tendus...


Autre sujet de conversation, à Toronto cette fois, l'appel du procès que le maire de la ville, Rob Ford a gagné.

Accusé de détournement de fonds municipaux, il a gagné son procès en appel le 25 janvier dernier.



Rob Ford est depuis des années entraîneur d'une équipe de football dans un collège défavorisé de la ville et il a fondé une fondation privée qui vient en aide à des jeunes joueurs.
Il semble pourtant souvent avoir du mal à placer les limites entre ses fonctions de maire et celle d’entraîneur sportif. Ainsi, au début de l'année, il n'a pas hésité à appeler la TTC (l'équivalent de la RATP de Toronto) pour demander qu'un bus soit réservé pour emmener son équipe à un match.
L'objet de la plainte pour détournement de fonds municipaux remonte elle à la période lors de laquelle Rob Ford n'était que conseiller municipal. Il aurait fait des demandes de fonds pour sa fondation de football avec des papiers à en-tête de la Ville et aurait ainsi rassemblé 3150$. Il avait depuis refusé de rembourser cette somme.

Condamné à la destitution en premier jugement, Rob Ford avait réussi à négocier pour rester maire jusqu'au verdict de l'appel...qui a finalement annulé sa condamnation.

La politique est généralement un sujet de conversation qui laisse les habitants de Toronto de marbre. Mais ici, tout le monde a un avis sur Rob Ford et en général il est assez extrême : Soit on l'adore soit on le déteste et la deuxième catégorie ne cesse de grossir depuis son élection.

Il faut dire qu'à Toronto, on a l'impression que chaque jour amène son lot de scandales autour du maire :
Rien que la semaine dernière, Rob Ford a été accusé par Sarah Thomson, ancienne candidate à la mairie de Toronto de gestes déplacés. Quelques jours plus tôt, plusieurs journaux révélaient que Rob Ford avait récidivé et envoyé de nouvelles demandes de fonds pour sa fondation à des grosses entreprises en utilisant des feuilles à en-tête de la ville. C'est son équipe municipale qui s'est excusée et a plaidé une "simple erreur", car Rob Ford était en vacance en Floride pour la semaine.



Un casino à Toronto

Toronto, 5°C



A Toronto il n'y a pas de casino. 

Les joueurs doivent faire un peu plus de 130 kilomètres au Nord jusqu'aux chutes du Niagara ou la ville d'Orillia  pour  pouvoir jouer au black-jack et autres machines à sous. Mais un projet est dans les cartons.
Lancé par La Société des loterie et des jeux de l'Ontario, société sous contrôle royal,  en mars 2012, le projet de construire un casino dans la ville doit être étudié et voté par le conseil municipal en avril.

Autant dire que l'idée ne fait pas l'unanimité chez les Torontois.
En 1997 déjà, un référendum avait recueilli 70,6% d'avis négatifs et ainsi enterrait le dernier projet de casino.

Mais la Société des loteries et des jeux de l'Ontario est revenu à la charge et le groupe immobilier américain MGM, associé au Cirque du Soleil a présenté hier son projet de complexe comprenant un casino mais aussi 1200 lits répartis dans de grands hôtels, des restaurants chics, des centres commerciaux et un chapiteau permanent de 9000 places pour le cirque du soleil. Les coûts s'élèveraient entre 3 et 4 milliards d'euros.
Les entrepreneurs promettent de créer 10 000 emplois stables et 4000 emplois de construction et sont ainsi soutenus par la plupart des syndicats de travailleurs de la ville.

Ce complexe s’étendrait au sud de Toronto, près du lac Ontario, au niveau de la place de l'Exposition.  
L'objectif déclaré est de faire venir les touristes canadiens et étrangers, alors que 
Toronto fait tout pour attirer de plus en plus de visiteurs et devenir une ville incontournable d'Amérique du Nord (elle est depuis jeudi considérée comme la 4e plus grande ville d'Amérique du Nord, dépassant ainsi la ville de Chicago). 
Selon MGM, le complexe entraînerait une hausse de fréquentation d'un million de touristes par an.                                        
                                                                 
                
Présenté mercredi par le groupe MGM, le projet de "integrated resort" sur le bord du lac Ontario.




Les opposants eux, s'organisent également, encore une fois surtout grâce aux réseaux sociaux : la page facebook "No Casino Toronto" avec plus de 7500 abonnés et le compte twitter sont très alimentés. Une pétition circule également pour demander l'abandon du projet et aurait selon les organisateurs, déjà recueilli plus de 6000 signatures. Un certain nombres de conseillers municipaux, comme par exemple le conseiller démocrate Mike Layton, ainsi que des associations de résidents ont également rejoint le camp des opposants au casino.
La plupart des journaux de la ville comme par exemple le Toronto Star ou Now Magazine ont également pris position contre le casino.


Les arguments des opposants sont multiples mais tournent surtout autour de la critique des jeux de paris et de hasard qui, selon eux, ne créeraient pas de richesses mais appauvriraient les plus vulnérables.
Les riverains s'inquiètent aussi de voir disparaître un plusieurs commerces et restaurants environnants. D'après eux, les revenus liés au casino ne seraient pas aussi importants qu'annoncés car un certains nombre de commerces locaux devraient fermer.
Enfin, les opposants au casino craignent aussi que  l'ouverture d'un casino n'augmente le taux de criminalité comme ça a pu être le cas dans certaines villes.

                                     Couverture de l'hebdomadaire culturel "Now Magazine" de cette semaine, très populaire à Toronto.



Mais au niveau de la mairie de Toronto, le maire (par ailleurs très contesté) Rob Ford soutient ce projet de casino.


Les sondages publiés depuis plusieurs mois penchent plutôt en défaveur du projet de casino. 


Ce genre de panneaux fleurit dans les jardins devant les maisons de la ville.




Des projets contre des casinos ont déjà eu lieu dans plusieurs coin du pays comme par exemple à Vancouver où la pression du mouvement "Vancouver Not Vegas" a finalement obligé la mairie à abandonner la construction du casino.

Et les opposants au casino de Toronto ont eu un nouvel argument  à mettre en avant au début du mois de février puisqu'un casino qui avait ouvert à Atlantic City a annoncé qu'il s'apprêtait à remplir un dossier d'aide afin d'éviter la banqueroute moins d'un an après son ouverture (avril 2012).

Verdict mi avril.