mardi 9 avril 2013

Trudeau, le retour.

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Dimanche prochain, le Parti libéral du Canada (PLC) aura un nouveau chef.


Et le vainqueur est déjà pratiquement assuré: en effet, Justin Trudeau, le fils de l'ancien Premier ministre Canadien Pierre Elliott Trudeau part grand favori de la primaire du PLC, dans laquelle il affrontera cinq  autres candidats: Martin Cauchon (ancien ministre de la justice), Martha Hall Findlay, Deborah Coyne, Karen McCrimmon et Joyce Murray (ancienne ministre de l'écologie de la Colombie-Britannique), considérée comme la principale rivale de Justin Trudeau.
Lundi 18 mars, Marc Garneau, premier Canadien à avoir posé le pied sur la lune, avait abandonné la course à la chefferie après la diffusion d'un sondage qui donnait Justin Trudeau grand vainqueur (72% contre 15% pour Marc Garneau).


Justin Trudeau, 41 ans, n'a fait son entrée que tardivement en politique, en 2006 et s'était montré jusque là plutôt discret. Il avait d'ailleurs été attaqué par M. Garneau et les autres candidats pour son inexpérience. Ancien professeur de français et de mathématique dans les écoles primaires de la région de Vancouver, il est aujourd'hui député de Papineau (dans la province Québécoise) à la Chambre des communes, poste qu'il occupe depuis 2008.

Un petit coup d'oeil sur le site internet du candidat (http://justin.ca), rappelle vaguement un autre Canadien célèbre du même nom, avec des encarts "Biographie de Justin" ou "vision de Justin". D'ailleurs dans cette dernière rubrique, on ne trouve qu'assez peu de propositions concrètes du candidat, mais plutôt des appels au rassemblement et à la confiance.

Jusqu'à dimanche, ce sont près de 127 000 adhérents et sympathisants qui vont pouvoir voter pour choisir le nouveau chef du PLC. Et le défi est de taille puisque le parti libéral se dispute le rôle de leader de l'opposition avec le nouveau parti démocrate (NPD) face au gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Ainsi, le PLC s'est trouvé relégué à la troisième place à la Chambre des communes lors des élections législatives de mai 2011, derrière le parti conservateur (PC) et le NPD, passant de 77 à 34 sièges.
Ces élections avaient provoqué une crise au sein du parti, entrainant la démission de Michael Grant Ignatieff et le report de l'élection d'un nouveau responsable à 2013. C'est Bob Rae, ancien député, qui avait été élu comme chef intérim et qui dimanche prochain cédera son poste.

Depuis la loi C-16 de 2006, les élections générales sont censées avoir lieu à date fixe au Canada, le troisième lundi d'octobre de la 4ème année civile suivant la dernière élection générale. Mais dans les faits, elles sont le plus souvent déclenchées. Soit à la demande du Premier Ministre (comme ça a été le cas en 2008), soit après un vote de confiance non favorable des députés fédéraux (comme ça a été le cas en 2011).
Il ne faudra peut-être pas attendre 2015 pour une nouvelle élection générale. 

Pour espérer battre Stephen Harper aux prochaines élections fédérales, le PLC a réellement besoin de quelqu'un de charismatique et rassembleur. Justin Trudeau et son look de jeune premier, marié à une ancienne présentatrice TV et père modèle de deux enfants semble tirer parti à fond de cette situation.


Pierre Elliott Trudeau (1919-2000)
Premier Ministre libéral du Canada entre 1968-1979 et 1980-1984, P. Trudeau est probablement l'un des hommes politiques préféré des Canadiens. C'est lui qui a ouvert le Canada à l'immigration, qui a rapatrié la constitution d'Angleterre et a aboli la peine de mort. Ministre de la justice en 1967, il s'est aussi battu pour décriminaliser l'homosexualité et l'avortement avec cette phrase qui est restée célèbre "L'Etat n'a rien à faire dans la chambre à coucher de la nation". C'est également l'un des premiers à s'être démarqué de la politique extérieure des Etats-Unis, il s'affichait ainsi aussi bien avec la Chine communiste qu'avec Fidel Castro qui a d'ailleurs fait le déplacement lors de ses obsèques à Montréal en 2000. 
Mais c'est aussi une figure controversée, principalement au Québec. Controverse due principalement à l'application des mesures de guerres lors de la  crise d' octobre 1970 après l'enlévement par le Front de libération du Québec (FLQ) d'un diplomate anglais et du ministre québécois  Pierre Laporte qui sera retrouvé mort. Ces mesures donneront lieu à des centaines d'arrestation. Le Québec est d'ailleurs la seule province à avoir refusé de signer la constitution rapatriée en 1980.